En mars et en octobre 2020, l’ISD Flaubert a fermé ses locaux. Les cours passent en 100% distanciel. Julia Lebailly, responsable de l’ISD Flaubert, revient sur la mise en place et les impacts de la continuité pédagogique.

J.L : Les différents confinements ont demandé une certaine adaptation. Les formateurs ont dû faire preuve d’agilité afin de pouvoir assurer les cours en distanciel. Cela a eu un certain nombre d’impacts, négatifs et positifs. Sur les points positifs : l’accélération de certaines pratiques pédagogiques. Certains cours peuvent se faire à distance et cela représente une réelle valeur ajoutée. L’aspect négatif repose surtout sur le fait que cette situation soit, encore aujourd’hui, récurrente. Le 100% distanciel accroît une certaine lassitude des formateurs et des étudiants. Il y a une réelle perte de liens et de motivations, que ce soit chez les uns comme chez les autres.
J.L : Le premier confinement s’est mis en place très vite. Nous avons eu quelques jours pour tout mettre en place et nous avons réussi à assurer les cours à distance dans un délai très court. Les outils de la suite Google (Classroom / Meet) étaient les plus adaptés. Former les étudiants et les intervenants était notre priorité, même s’ils se sont adaptés très vite. De plus, les membres de l’administration ont intégré de nouveaux moyens de contrôles via le logiciel Hyperplanning pour planifier les cours et gérer les absences. L’adaptation pédagogique est également passée par un traçage précis, pour que les formateurs puissent rendre compte des contenus et déroulement des cours. Enfin, il y a eu une réelle adaptation des emplois du temps et des contenus pédagogiques en eux-mêmes : on ne fait pas cours en présentiel comme on le ferait en distanciel.
J.L : Avec le temps, les étudiants nous ont fait part du manque des cours en présentiel, des formateurs, des échanges… Les relations ne sont pas les mêmes à distance. Puis, au fur et à mesure, certains étudiants ont manifesté leur manque de motivation et leur crainte de décrochage. Du côté des formateurs, il y a eu également des réticences. La majorité des intervenants sont des professionnels : ils viennent partager leurs compétences, leurs passions, leurs savoirs. Ce ne sont pas des professionnels de la formation : leurs interventions sont réellement fondées sur une volonté de partager leurs compétences et leurs expertises.
J.L : Chaque étudiant est différent mais pour pallier les difficultés qu’ils rencontrent, il faut individualiser les relations. Il est important de prendre le temps d’échanger avec l’étudiant concerné et lui offrir un contact privilégié. Il est primordial, pour nous, intervenants, d’essayer au maximum d’être présents pour nos étudiants. C’est pour cela que nous les relançons régulièrement et insistons sur le fait que nous sommes à l’écoute. Il faut savoir trouver les mots justes quand cela est possible et montrer que nous sommes là.
J.L : Les confinements ont permis d’ouvrir le champ des possibles. On s’est aperçus que certains cours fonctionnaient très bien à distance. En plus de cela, le distanciel permet de faire appel à des intervenants très compétents mais qui sont physiquement loin (Paris, Belgique). L’avantage du distanciel est que nous pourrions profiter de leurs savoirs et compétences, sans avoir besoin de les faire déplacer physiquement à l’ISD. Donc, oui les cours à distance seraient envisageables, notamment en termes de qualité des interventions mais aussi de fatigue chez les apprenants. Cela pourrait être, à la marge, quelque chose de très intéressant.
J.L : En termes organisationnels, le meilleur conseil que je puisse donner à nos étudiants en alternance est d’avoir une vue assez large de ce qu’ils ont à faire, aussi bien en entreprise qu’à l’école. Afin de ne pas se retrouver face à une surcharge de travail, ils doivent faire des planning et/ou rétro planning pour gérer leurs priorités dans le temps imparti. Le fait de prioriser les travaux à rendre évite le stress et les étudiants ne se sentent donc pas débordés.
Autrement, il est important que les étudiants continuent d’échanger entre eux, de rester solidaires et qu’ils n’hésitent pas à demander de l’aide s’ils en ont besoin. Il ne faut pas oublier que cette expérience est inédite. Nous sortirons tous grandis de cette crise. Et lorsque tout cela sera derrière nous, nous trouverons le moyen de trouver des éléments positifs et des forces. Il est important de relativiser et se recentrer sur ce qui est essentiel.
Julia Lebailly, Responsable pédagogique des LPCOM
Les mesures sanitaires ont aussi eu un réel impact sur le quotidien des étudiant.e.s. Cet arrêt de vie brutal a été difficile à vivre pour certain.es. Pour contrer le négatif, nous avons demandé à Camille et Lucie de répondre à une seule et unique question : « Qu’est ce qui te permet de tenir le cap en ce moment ? »
« J’ai cette impression que la Covid-19 met ma vie sur pause, cette frustration de ne pas voir plus loin que le moment présent. C’est assez compliqué pour moi, comme pour beaucoup d’étudiants je pense, de me projeter et de savoir ce que j’ai envie de faire. Mais heureusement je trouve du positif dans cette situation. Cela m’a permis de prendre du temps pour moi. Le temps pendant lequel je sortais ou me déplaçais pour aller en entreprise ou à l’école a été remplacé par d’autres moments. J’ai pu profiter de ce temps pour découvrir le dessin, me remettre à la lecture et la cuisine.
C’est finalement toutes ces petites choses simples qui me permettent de tenir. Le fait de ne pas vivre seule est aussi très important. Malgré le couvre-feu qui nous est imposé, le week-end est le moment le plus attendu de chacune de mes semaines car je sais que je vais pouvoir retrouver mes amis même seulement le temps d’un après-midi. »
« La période du Covid est une période compliquée notamment pour moi qui aime l’échange, le contact humain, les sorties au plein air, les sorties au bar… Ce qui m’a permis de tenir depuis le début de cette crise Covid sont les nombreuses visioconférences que nous avons faites avec mes ami(e)s. Nous nous sommes mis à faire des visios sports, des visios apéro… Un peu comme tout le monde, mais cela nous permettait de garder le contact et d’avoir des échanges.
D’autre part, j’ai la chance à l’heure actuelle de ne pas être en télétravail. De ce fait, je continue de voir mes collègues qui, certains, sont devenus des amis après 4 ans passés dans la même entreprise. Nous pouvons également manger ensemble le midi, cela ne remplace pas une soirée mais cela fait du bien au moral ! Etant donné que nous sommes en période de couvre-feu, nous faisons en sorte de nous voir tous les dimanches en dehors du travail afin de pouvoir décompresser. »